CESF : un exemple d’Intervention Sociale Collective

L’ISIC ou ISC est une méthodologie d’intervention souvent incomprise aussi bien sur le terrain par les professionnels que chez les étudiants en centre de formation ou au CNED. En effet, tout comme l’ASI ou l’ISI, la méthodologie de projet demande de respecter scrupuleusement les différentes étapes permettant d’aboutir à un projet global. C’est pourquoi je vous propose ici un exemple d’ISIC présentée au DECESF.

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Si vous vous sentez concerné(e) par ces différents obstacles, je vous invite à me contacter.

Je suis Sébastien, expert du secteur médicosocial et mentor des étudiants du social, de l’éducatif, du paramédical, de l’encadrement, à l’université et des candidats à la VAE (livret 2).

N’attendez plus le dernier moment pour avancer dans vos dossiers et subir le stress de la page blanche ou de la procrastination.

En effet, tout comme vous j’ai été confronté à des études éprouvantes (formation d’assistant social, puis CAFERUIS et master en sociologie des organisations option management et ressources humaines).

J’ai dû travailler en parallèle de ma scolarité mais aussi suivre mes formations alors que j’avais des enfants en bas âge.

Ce sont les freins et le manque que j’ai vécus qui m’ont incité à proposer mes services d’accompagnement.

Ainsi, je vous propose d’en savoir davantage sur mon parcours, mes prestations, la Foire Aux Questions (FAQ) et mes tarifs en cliquant sur les liens suivants (également disponible dans le menu) :

Qui suis-je ?

La Foire Aux Questions (FAQ)

Mon (fabuleux) programme de correction

Mes tarifs

Bon courage et bonne lecture !

EXEMPLE D’UNE ISC RÉALISÉE PAR UNE CESF DANS UN CENTRE SOCIAL

Le stage s’est déroulé au sein d’un centre social de décembre 2010 à juillet 2011, auprès d’une Conseillère en Economie Sociale et Familiale (CESF). Au-delà des accompagnements individuels, j’ai pu m’initier aux Interventions Sociales d’Intérêt Collectif (ISIC) notamment à travers celle que je présente dans ce dossier. 

I Cadre et spécificités du site qualifiant

La structure est une association régie par la loi de 1901 et agrée « centre social » par la CAF depuis 1992.

A Les services proposés par le centre social

La crèche met en œuvre un accueil régulier pour les enfants de trois mois à trois ans. Elle a ouvert ses portes en 1994 dans des locaux situés à proximité du centre social et est agrée par la Protection Maternelle et Infantile (PMI).
L’espace jeunesse organise un soutien à la scolarité pour les enfants de la commune en classe de maternelle,  primaire ou de collège. Ainsi, les âges varient de trois à quinze ans. Par ailleurs cet espace propose des activités périscolaires collectives telles que des sorties culturelles, des animations ou des spectacles. Ponctuellement des professionnels extérieurs au centre social interviennent pour permettre des ateliers d’initiation et de pratique, selon les groupes d’âges. Il peut s’agir de danse, de slam, de chant ou de poésie.
Le secteur famille a pour objectif de proposer aux parents des actions liées à « l’aide à la parentalité » telles que groupes d’échanges pour mères, des ateliers créatifs entre les parents et leurs enfants ainsi que des réunions collectives portant sur divers thèmes comme la santé ou la contraception.
Les ateliers d’alphabétisation, durant lesquels les adultes apprennent et perfectionnent le français oral et écrit.
La permanence d’accueil, d’information et d’orientation : avec ou sans rendez-vous, elle accueille le public sans distinction de problématiques afin d’assurer ses missions d’accueil, d’information et d’orientation assurées par l’équipe.

B Présentation de l’équipe du centre social

Elle est composée d’une directrice, d’une CESF, de trois Educatrices de Jeunes Enfants (EJE), de sept médiateurs sociaux et de douze bénévoles qui interviennent ponctuellement. La CESF assure la coordination de l’équipe afin de garantir le fonctionnement du service. Aussi, elle  concourt à l’information et à l’accompagnement des individus et des groupes, pour tous les aspects de la vie quotidienne. Enfin, elle contribue au développement du lien social et à la prévention des risques d’exclusion sociale par des projets et actions collectives avec les habitants.

II Les constats de départ

Dans le cadre de ce stage, j’ai été amené à participer à une part importante des activités proposées. Que ma place ait été celle d’observateur, de participant, de coordinateur ou d’animateur, j’ai pu me rendre compte de la diversité des services dédiés aux habitants.
En évoluant auprès du public, j’ai mesuré plusieurs paramètres qui me semblent importants à soulever.
Tout d’abord, les activités mises en place, bien que diversifiées, étaient toutes réservées à une tranche d’âge et donc à un public spécifique. Par exemple, le projet Slam mis en œuvre lors de mon arrivée n’était réservé qu’aux adolescents de 11 à 15 ans. Quant à l’atelier poésie, il n’était ouvert qu’aux enfants de 6 à 10 ans, etc… Cette offre de services « sectorielle» est, en effet, en partie liée à des financements ciblés (par exemple la CAF finance les activités « temps libre des enfants et des familles ») mais aussi en raison des orientations prises par la structure. J’ai ainsi pu m’apercevoir que, même si ces activités aient souvent été riches, créatives et innovantes, elles n’ont que rarement pu être propices à la rencontre et au soutien intergénérationnel. Puis, les projets correspondaient à tous les âges sauf aux « seniors ». En effet, je n’ai jamais eu l’opportunité de rencontrer de personnes âgées lors des différentes animations mises en place. En revanche, je les accueillais fréquemment dans le cadre de la permanence d’accès aux droits. A l’origine, ces séniors souhaitaient obtenir des informations ou un soutien dans le cadre de leurs démarches administratives. Pourtant, leurs venues étaient souvent prétexte d’échanger avec les autres personnes accueillies à la permanence et particulièrement en salle d’attente. Par ailleurs, lorsque je recevais ce public et que j’avais répondu à sa première demande, l’entretien était souvent orienté vers un tout autre aspect qui était celui d’échanger autour du quotidien, de la famille, du passé et des aléas de la vie. Cependant, en raison de l’importante sollicitation de la permanence, je n’étais pas en mesure de leur accorder le temps nécessaire. Je me sentais quelque peu frustré par cela, surtout que je n’avais pas de réponse à apporter à ces « seniors » chez qui j’ai évalué un profond sentiment d’isolement et de perte de lien social.
En parallèle, j’ai mesuré le manque d’estime de soi et d’assurance ressentis par ces personnes âgées qui verbalisaient, de façon récurrente, des propos tels que « je me sens inutile à présent », « je n’ai plus rien à apporter aux autres, c’est pour cela que je suis seul », « mes enfants ne viennent plus me voir, je ne sais pas ce que j’ai pu leur faire ». J’ai compris que le regard qu’elles portent sur elles-mêmes est négatif. Elles ont l’impression de n’avoir aucune compétence à transmettre et le sentiment de n’appartenir à aucun groupe.
Enfin, j’ai constaté qu’au sein du centre social, un grand nombre d’enfants issus de familles monoparentales étaient accueillis. Pendant certaines activités, j’ai pu échanger avec eux. Il s’est avéré que la plupart d’entre-eux n’avaient que peu, voire pas du tout, de contact avec leurs grands-parents. L’éloignement géographique des ainés ainsi que les conflits familiaux sont souvent à l’origine de cette rupture de lien entre ces générations.

A ce stade, je me suis interrogé quant à la façon de permettre à ces « seniors » de s’inscrire dans une nouvelle dynamique de lien social tout en leur permettant de reprendre confiance en eux. Cette démarche s’inscrirait dans une mobilisation de leurs potentialités au service des autres et plus particulièrement auprès des enfants accueillis. Ces dernières témoignent, en effet, régulièrement de l’envie de participer à certaines activités avec les ainés.

III L’évaluation initiale

La question du lien social entre les générations est, selon moi, à prendre en considération dans notre pratique professionnelle. En effet, même si d’importants moyens sont mobilisés sur les possibilités d’aide à domicile, d’hébergement adapté ou de prise en charge matérielle du vieillissement, j’évalue que les ainés ont des connaissances et un parcours pouvant être transmis aux autres générations. Par ailleurs, les revenus limités de certaines personnes âgées en raison d’une retraite parfois modeste, empêchent ou permettent peu la possibilité de participer à des activités extérieures. Enfin, l’isolement d’une part conséquente des «séniors » accentue le sentiment de solitude ressenti.
Pourtant, le centre social pourrait constituer un lieu et un lien de solidarité et d’échange entre les âges. En effet, occulter ces différents aspects pourrait amplifier le risque de délitement du lien social de toutes les générations.

IV De l’idée au projet

1 La présentation de mes réflexions à l’équipe

Suite à mon évaluation initiale, j’ai échangé avec ma formatrice de la possibilité de mettre en place des actions intergénérationnelles en faveur des personnes âgées que nous rencontrions au sein de la permanence d’accès droit et des enfants accueillis en crèche, dans le cadre du soutien scolaire ou des activités périscolaires.
Cette dernière a été favorable à cette idée et a proposé à la directrice ainsi qu’à l’équipe de se réunir afin d’aborder ces constats. Toutes les personnes présentes, aussi bien les salariés que les bénévoles, ont évalué l’intérêt et la pertinence de la mise en œuvre de tels projets. Toutefois, des questionnements ont été soulevés et certains craignaient une surcharge de travail liée à la préparation des activités. D’autres restaient dubitatifs quant à l’implication dans la durée des personnes âgées.
Dès lors, j’ai été amené à rassurer les inquiétudes de ces derniers en expliquant que ces nouveaux projets, s’ils devaient se réaliser, ne seraient pas ajoutés à ceux existants mais qu’ils y seraient associés. Aussi, les différentes actions susceptibles d’être mises en place feraient l’objet d’une évaluation et si, au regard des critères que nous nous serons fixés, la participation des personnes n’était pas satisfaisante nous pourrions trouver d’autres moyens pour favoriser l’adhésion.

La directrice a ainsi formulé son accord quant à la mise en œuvre de projets intergénérationnels au sein de la structure. Toutefois, au vu de la réticence de certains, elle a souhaité que s’opère une démarche volontariste de la part de l’équipe. En effet, elle ne souhaitait pas que des salariés ou des bénévoles se sentent contraints de participer aux projets. Au final, personne n’a émis d’objections à l’idée de favoriser ce type d’échange.

2 La mise en œuvre d’un diagnostic social et territorial

Afin de mieux répondre aux besoins constatés et d’affiner les réponses pouvant être apportées, la directrice m’a invité à mener des recherches sur les caractéristiques du territoire et de la population. Pour mieux appréhender leurs spécificités, j’ai consulté différents rapports élaborés par le service d’urbanisme de la commune. Ainsi, cela m’a permis de prendre connaissance de plusieurs données.

Ainsi l’analyse des différentes informations recueillies met en évidence plusieurs points :
–    Une augmentation continue de la population extérieure de la commune ce qui amène à une diminution du sentiment d’appartenance de la population d’origine.
–    Des personnes âgées ayant toujours vécu dans la commune se retrouvent seules depuis que leurs familles se sont éloignées ce qui participe à l’isolement de ces « seniors »
–    Des personnes âgées qui résident dans des zones souvent éloignées des commerces et des endroits attractifs ce qui favorise le sentiment de solitude
–    Une forte présence de familles monoparentales ce qui laisse présager des enfants et des adolescents pouvant être éloignés de leurs ainés ainsi qu’un sentiment d’isolement pour le parent.
Au vu de ces résultats, je pose l’hypothèse que ces éléments peuvent conduire à des risques d’isolement de certains habitants, aussi bien les personnes âgées que les familles monoparentales, ainsi qu’un clivage plus marqué entre les anciens et les nouveaux habitants.

3 La finalité du projet intergénérationnel et ses actions

Au regard du diagnostic, il m’a semblé pertinent de mettre en œuvre plusieurs actions ciblées sur la création du lien social entre les générations et de finalement ne pas me concentrer sur la relation personne âgée/enfants mais d’inclure également les parents afin de favoriser toutes les classes d’âge. En effet, comme nous l’avons évalué antérieurement, la forte présence de familles monoparentales sur le territoire pourrait laisser penser que ces parents se sentent peut être isolés. Quant à leurs enfants, certains ont verbalisé le peu de relations qu’ils ont avec leurs ainés.
Ainsi, le projet intergénérationnel passerait par une démarche participative et collective permettant l’implication des participants aussi bien dans l’élaboration des actions que dans les prises de décisions ou l’évaluation des résultats. Il s’agirait par ailleurs d’une action à la fois globale (dans la prise en compte des besoins des personnes et de leur environnement) et collective (en amenant les populations à se faire connaitre et à se reconnaitre entre eux).

V La conception du projet

Suite à ma première évaluation et à la réalisation du diagnostic, la directrice a formulé le souhait d’échanger autour de la mise en place d’un projet en corrélation avec le travail de réflexion et de recherche mené en amont. La complexité au sein du centre social réside dans le fait qu’il existe très peu de moments pouvant être l’opportunité de rassembler toute l’équipe. C’est pourquoi la date de cet échange a été proposée lors de la réunion mensuelle qui accueille tous les membres aussi bien salariés que bénévoles. Cette date a eu lieu deux semaines après mon entretien avec la directrice. Ce temps m’a été bénéfique pour hiérarchiser et structurer mon évaluation autour des données récupérées en vue de la présentation lors de la réunion. Par ailleurs, j’ai rédigé un écrit transmis à l’équipe et récapitulant les objectifs et la finalité du projet intergénérationnel afin de davantage associer toutes les personnes et que chacun puisse mener une réflexion pour que nous les mutualisions ensemble.

1 La formulation de propositions d’actions

La quasi-totalité des membres de l’équipe étaient réunis. Quant aux personnes n’ayant pas pu être présentes, elles ont transmis un E-mail à la directrice afin de donner un avis voire des propositions quant à la volonté de mettre en œuvre ce projet. En échangeant durant ce temps d’équipe, nous avons formulé plusieurs propositions d’actions en lien avec les activités en cours. Par exemple, le mercredi après-midi, des lectures de contes sont organisées pour les enfants scolarisés en maternelle. Aussi, un soutien à la scolarité est proposé dès 17h30 jusque 18h30. Enfin, tous les jours, les matinées ou les après-midi, sont organisés des cours d’alphabétisation à destination des adultes. Par ailleurs, nous étions en février et nous préparions également la fête de Mardi gras, devant se dérouler le 9 mars (la date du mercredi 9 a été préférée à celle du mardi 8 car les enfants sont libres les mercredis)

Ainsi, nous avons choisi de formuler trois propositions qui sont les suivantes :
–    La première action, intitulée, « voyage autour des contes » consisterait en un atelier de lecture où les personnes âgées viendraient lire des histoires à différents groupes d’enfants.
–    La deuxième action nommée « La fête de carnaval » permettrait d’associer les « seniors » et les parents désireux de participer à la fête de Mardi gras organisée par le centre social. Les participants pourraient s’entraider dans la confection de déguisements pour les enfants ainsi qu’à la participation de plusieurs activités ludique
–    Enfin, une troisième action, appelée « culture pour tous », qui serait orientée autour des cours d’alphabétisation et de remise à niveau en Français. Les personnes âgées pourraient, de façon ponctuelle, y participer en aidant les adultes à perfectionner leur niveau. Aussi, dans le cadre de ces ateliers, des sorties culturelles pourraient être prévues afin de permettre à tous l’accès à la culture. Suite à cela, les personnes pourraient restituer leurs expériences entre-elles ce qui permettrait l’échange.

2 La préparation du projet intergénérationnel

Les trois actions que j’ai évoquées précédemment ont pu être mises en place. Toutefois, dans le cadre de ce dossier, j’ai choisi de vous présenter l’atelier « La fête de carnaval » car c’est dans celle-ci que j’ai pu véritablement mener à bien ma volonté initiale qui était d’associer les personnes âgées, les parents et leurs enfant soit tous les âges.

A L’origine du projet

Ma première démarche a été de connaitre les personnes âgées et les parents afin d’appréhender leurs attentes, leurs besoins, leurs possibilités et leur rythme. Ainsi, dans un premier temps, j’ai élaboré, en lien avec ma référente, un questionnaire que nous avons proposé aux personnes âgées et aux parents afin de savoir s’ils pouvaient être intéressés par le projet intergénérationnel et à quelles actions ils souhaiteraient participer. Ce sont, ainsi, douze personnes âgées sur vingt-deux sondées qui ont souhaité être associées aux actions dont neuf concernant le « La fête de Carnaval». Concernant les parents, quinze sur vingt-huit ont déclaré être intéressés par ce projet. Toutefois, nous avons regretté qu’aucun homme ne figure parmi les quinze. De façon plus générale, ce questionnaire nous a permis de davantage identifier les besoins et les attentes des personnes sondées. Deux grandes tendances ont émergé de cette enquête. En effet, les souhaits de se sociabiliser et de communiquer avec d’autres générations ont été représentés pour les douze personnes âgées et neuf parents.
Par la suite j’ai mené des entretiens individuels et participé à des échanges sur les temps informels. Mon positionnement durant ces démarches a été de vouloir cultiver l’intérêt des participants tout en étant sensible à instaurer un climat de confiance, de bienveillance et d’écoute afin de favoriser l’autonomie, la créativité et la participation.

B La présentation du projet aux participants

Nous avons organisé une réunion d’information à destination des séniors et des parents volontaires afin de leur présenter le projet. Une présentation des objectifs et de la finalité a également été réalisée. Suite à cela, les personnes toujours désireuses de participer au projet ont pu s’inscrire. A l’issue de cette phase, toutes les personnes présentes ont voulu poursuivre dans ce projet.
Me concernant, mon rôle a été de présenter le cadre du projet au groupe. Cela a représenté une étape importante car il m’a fallu être le plus clair et audible possible, malgré le nombre de personnes, afin que ces dernières puissent cerner les contours de cette action, ses contraintes et surtout que chacun puisse commencer à repérer la place qu’il pourrait prendre durant l’activité. Ainsi, au-delà de la présentation orale, j’ai multiplié les supports interactifs, ludiques et imagés afin de davantage susciter l’intérêt du groupe.
J’ai par la suite laissé la parole aux participants en leur proposant d’apporter des idées d’activités pouvant être mises en place durant l’après-midi Carnaval. Ma posture a été d’éveiller la curiosité de chacun sans pour autant répondre d’emblée aux questions pouvant être posées afin de créer une stimulation à l’intérieur du groupe. Par exemple, une mère m’a demandé si réaliser des crêpes était une bonne idée au lieu de répondre par oui par non j’ai proposé au groupe de donner son avis.
Par ailleurs, certaines mères et personnes âgées étaient en retrait. J’ai tâché d’être vigilant en sollicitant leur expression orale. Toutefois, j’ai mené à bien cette posture avec délicatesse pour éviter que les personnalités plus pudiques se retrouvent à devoir prendre la parole sans qu’elles ne l’aient souhaité au départ. Ainsi, certains ont pu être force de propositions. D’autres ont préféré attendre et observer mais ont pris une part active au projet par la suite. Finalement, chacun a avancé à son rythme. J’observais toutefois des personnes ayant un comportement moins réservé qui s’exprimaient parfois avec véhémence. J’ai, dans ces situations, souvent été amené à échanger avec elles en leur demandant, avec tact, de s’exprimer un peu moins fort tout en tâchant de les valoriser dans leur prise de parole. En effet, je ne souhaitais pas qu’elles se braquent et qu’en conséquence, elles arrêtent de s’exprimer.

A l’issue de cette étape, il a été convenu par le groupe de mettre en place, dans le cadre de cette fête de Carnaval, un stand avec des boissons, des crêpes et des gâteaux préparés par les participants au sein du centre social. La création de masque pour les enfants a également été proposée, notamment par certaines personnes âgées qui exprimaient l’occasion de mettre en application leur connaissance de la couture. Enfin, un spectacle de chant durant lequel les enfants chanteraient des musiques choisies par le groupe a été voulu. Durant cette présentation, une personne âgée a exprimé ses craintes vis-à-vis de l’importance numéraire du groupe et exprimait « ne pas être certaine d’y trouver sa place ». A ce moment, deux mères de familles l’ont rassurée en lui expliquant « que nous allions nous serrer les coudes et que personne ne sera mis à part ». D’autres « seniors » ont exprimé leur enthousiasme à l’idée d’être utile et de pouvoir appliquer leur savoir durant cette activité.

C Les moyens matériels

L’investissement a été modeste puisque le centre social a financé les ingrédients pour la préparation des crêpes et des gâteaux ainsi que les boissons, les papiers cartonnés pour les masques et autres objets de décoration pour la salle. Tout a été réalisé au sein de la structure puisque celle-ci dispose d’une petite cuisine mais surtout d’une importante salle qui a fait office de rassemblement durant le projet.

D La sollicitation du partenariat

A ce titre, nous avons proposé aux enseignants de certaines écoles primaires et aux professeurs de collège avec qui le centre social entretient des relations étroites, de participer à cette action en étant présent le jour de son déroulé. En effet, ces professionnels sont souvent sollicités dans le cadre de l’aide au devoir ou pour mener un travail de médiation entre eux et les parents lorsqu’il y a des incompréhensions concernant la situation d’un élève. A travers ce projet, nous avons pu permettre une rencontre avec ces derniers autour d’un moment festif partagé avec les élèves et leurs parents, en dehors du contexte de la réussite ou de l’échec scolaire.

VI Le déroulement de l’ISIC

1 La réalisation des masques

Cette étape s’est réalisée par sous-groupe composés de personnes âgées, de parents et d’enfants. Ce sont d’ailleurs ces derniers qui ont, au préalable, dessiné avec l’aide des bénévoles sur des papiers rigides cartonnés, les masques qu’ils souhaitaient. Puis chacun les a découpés et décorés. Les parents, au départ, étaient plutôt en retrait et davantage dans une posture d’observation. Mon rôle durant cette réalisation a été de favoriser leur participation. J’ai, ainsi, proposé aux personnes âgées de montrer dans un premier temps la façon dont elles décoraient les masques pour que les parents prennent ensuite le relais. Cela a permis, au final, la mobilisation de tous. En effet, les « séniors » et notamment les femmes présentes ont pu mettre en œuvre leur savoir-faire artisanal en montrant aux parents des techniques de couture et de décoration. J’ai pu constater la satisfaction ressentie par les personnes âgées lorsqu’elles transmettaient leur savoir. Les enfants, quant à eux, participaient activement à ces créations en complétant le travail des « seniors ». Les bénévoles prenaient également partie de ces activités et régulaient, par moments, les initiatives des enfants qui, tellement enthousiastes, pouvaient s’exprimer de façon trop intensive ce qui gênait la concentration des personnes âgées et des parents.  La réalisation de ces masques a finalement permis d’utiliser ce moyen comme une création du lien entre les différents publics accueillis. En effet, chacun a appris à se découvrir, à s’encourager et à communiquer. Aussi, tous avaient des connaissances et des « trucs et astuces » à apporter au groupe. Durant cette étape, j’ai, à plusieurs reprises, mis en avant les potentialités de chacun.

2 La préparation des crêpes et des gâteaux

Cette phase a été réalisée le matin même de l’activité Carnaval. Le groupe et les enfants ont pu réaliser des crêpes et trois gâteaux. Les recettes étaient plutôt simples il s’agissait davantage de favoriser l’échange par le biais de ces préparations culinaires. Deux personnes âgées ont notamment proposé une recette « ancienne » que ni les parents ni les enfants ne connaissaient. Ces derniers ont, par ailleurs, été ravis d’apprendre et de s’initier à une préparation qu’ils ne connaissaient pas. Certaines mères de famille ont par exemple demandé la recette de cette spécialité.
Cette étape a été plus longue que prévue car il y a eu des contraintes de temps et certains participants étaient arrivés en retard. Toutefois, nous ne voulions pas commencer sans eux et au final même si la fin de cette préparation a pu engendrer du stress j’ai tenté d’apaiser les membres en expliquant que si nous débordions un peu sur le temps cela n’était pas préjudiciable à l’activité. Par ailleurs, durant la matinée j’ai également été amené à répartir les tâches de chacun. J’ai cependant tenté d’être vigilant en laissant de l’espace à tous pour prendre des initiatives et à aucun moment j’ai adopté une attitude dirigiste car je savais que cela pouvait ôter le pouvoir de création des personnes.

3 La préparation du spectacle de chant

Certains membres du groupe ont cherché sur Internet, à travers les quatre ordinateurs dont dispose le centre social, des paroles de musique en vue d’être apprises et chantées par les enfants. Les « seniors » semblaient décontenancés par l’outil informatique, quant aux enfants ils ne le maitrisaient pas. Je me suis alors proposé de montrer aux parents la manière de rechercher des données sur Internet. Toutefois, plusieurs mères disaient utiliser régulièrement cet outil et qu’elles pouvaient montrer aux autres la façon de s’en servir. Ainsi, les personnes qui ignoraient la manière d’utiliser un ordinateur ont pu mettre en application les conseils de ces mères de famille.
Les personnes âgées étaient étonnées de voir qu’il était possible, via l’outil informatique, de retrouver des chansons anciennes. Aussi, certains parents partageaient la même culture musicale que les ainés, cela a permis l’échange entre ces deux générations autour de chansons écoutées durant l’enfance des parents et la jeunesse des séniors. Toutefois, des moments de frictions ont émergé pour le choix des chansons. En effet, certains parents, souhaitaient davantage de musiques « modernes » alors que les ainés privilégiaient les chansons de leur époque. J’ai tenté d’apporter de la sérénité lors de ce choix sans pour autant l’influencer car je voulais que tous ce qui concerne la mise en œuvre du projet émanent du groupe. En conséquence, j’ai réuni les membres concernés par ces sujets de discorde et j’ai amené une réflexion autour d’une négociation entre eux. Finalement, ils ont trouvé un terrain d’entente et partageant les musiques réparties de façon égale entre chansons « d’époque » et musiques « modernes ». En parallèle, les enfants préparaient avec une intervenante extérieure et bénévole trois chansons afin de les présenter lors de l’après-midi de « la fête pour Carnaval ». Je n’ai pas assisté à ces répétitions mais les professionnels de la structure qui y ont participé m’ont rapporté un enthousiasme et une bonne dynamique de la part du groupe d’enfants qui prenaient plaisir à apprendre les chansons.

 4 L’après-midi « Fête pour Carnaval »

Bien que cette après-midi ait démarré avec du retard, les actions que nous avons préparées ont été appréciées de tous. En effet, des personnes qui n’avaient pas participé à la mises en place des actions ont félicité à plusieurs reprises les participants. L’accueil dans les stands étaient réalisés en sous-groupe et, au-delà de délivrer des boissons et de la nourriture, tous les âges ont pu se réunir et échanger dans un climat convivial. Certains demandaient aux personnes âgées d’expliquer la façon dont ils ont réalisé les recettes, j’ai ressenti durant ces moments la satisfaction de ces derniers à transmettre leur savoir faire.
Quant au spectacle de chant assuré par les enfants, il a permis de fédérer aussi bien les parents que les séniors puisque, à plusieurs reprises, ces derniers chantaient en cœur et riaient entre eux.
Par moment, les enfants s’asseyaient près des séniors pour les aider à lire et apprendre les musiques. Un instituteur qui a participé à cette après-midi a exprimé sa surprise et son enchantement  « d’habitude ce sont les adultes qui apprennent aux enfants, là c’est l’inverse ».

VI Evaluation de l’action

Ce projet intergénérationnel a été une formidable expérience en termes de partage, d’échange et de communication. Les objectifs de création de lien social entre les âges et la transmission de savoir et de connaissances ont pu être évalués comme positifs tout au long de l’action.
J’ai, en effet, pu mesurer une importante prise d’autonomie dans le cadre de ce projet puisque des initiatives ont pu émerger en dehors des temps de présence des professionnels.
Par ailleurs, l’expression a été favorisée et les personnes plus réservées que j’ai connues durant la première rencontre ont ainsi pu davantage extérioriser leurs ressentis et leurs prises de décision au point où cette activité est devenue pour certain un véritable espace d’expression. Par exemple, une sénior cherchait régulièrement le regard des professionnels durant la préparation du projet. Une attention particulière lui a été accordée par l’équipe. Au final, celle-ci a pu être force de décision et d’initiative. Elle a également exprimait son enchantement à partager des moments de convivialité avec les parents et les enfants. De plus, des formes d’entraide et de soutien mutuel se sont mise en œuvre entre les parents et les personnes âgées. Je pense notamment à des mères qui ont convié certains «séniors» pour réaliser ensemble les recettes confectionnées par ces derniers. A l’inverse, la transmission s’est également réalisée dans l’autre sens puisque les personnes âgées ont pu apprendre des recettes de certaines familles d’origine africaine.

Aussi, au fil des semaines, les « seniors » nouaient des relations avec les enfants et exprimaient leur enchantement à l’idée de sentir utiles. Certains m’ont rapporté qu’ils avaient des a priori sur les jeunes accueillis au centre qu’ils pensaient irrespectueux voire délinquants, le regard qu’ils portaient sur eux a ainsi profondément évolué. Toutefois, je regrette le manque de participation des pères de famille autour de ce projet. En effet, l’équipe du centre social s’accorde à dire que les hommes participent peu à la vie de la structure. Une réflexion autour de leur mobilisation devrait être envisagée. Enfin, quatre « seniors » ont profité du levier de cette action (et des autres mises en place) pour se proposer à la rentrée de septembre 2011 d’être bénévoles dans différentes activités du centre.

V Conclusion

Cette ISIC m’a permis de prendre conscience des enjeux territoriaux à connaitre et interroger dans le cadre de la pratique du métier d’assistant de service social. En effet, résoudre des disparités territoriales avec les habitants peut amener à appréhender un certain nombre de problématiques individuelles. Par exemple, un « sénior » du groupe, au fil de sa présence a pu se confier sur d’importantes dettes locatives non résolues. En sachant cela, nous avons pu mener un travail d’accompagnement avec lui. Aussi, ces rencontres intergénérationnels ont motivé une mère de famille à reprendre contact avec ses parents avec qui elle étaient en conflit. Des changements positifs ont ainsi émergé.
 Durant toute la conception du projet et sa mise en œuvre, j’ai eu à cœur de favoriser l’échange, le soutien mutuel, la prise d’initiative et la solidarité au sein des groupes. Cela ne s’est pas réalisé sans difficulté, en effet, par moment, il m’a fallu modérer des comportements trop imposants de la part de certains parents qui inhibaient les « séniors ». Toutefois, un consensus a pu être trouvé et j’ai pris conscience de l’importance de la négociation pour parvenir à une satisfaction globale. Par ailleurs, il s’agissait d’une première expérience menée auprès de personnes âgées.
Avant ces rencontres je pouvais être « chargé » de représentations notamment à l’égard de la dépendance des « séniors ». En effet, j’ai pu mesurer l’importance de ne pas réduire ma vision des personnes âgées en termes de diminution de ses capacités ou de risque de dépendance. A présent, j’envisage ces « séniors » sous l’angle de la citoyenneté en reconnaissant leur part entière dans la vie locale à travers leurs potentialités et leurs sources d’échanges et de dynamisme que j’ai pu constater tout au long des actions que j’ai menées avec elles. Enfin, au-delà de tous ces apports opérationnels, ce projet intergénérationnel m’a fait réfléchir sur certains aspects de la vie que j’ai pu avoir oubliés et je retiens particulièrement l’humanité apportée par tous les participants.

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