Travail d’Initiation à la Recherche (TIR) ou mémoire infirmier : méthodologie et exemple de plusieurs MFE

La finalité du mémoire ou TFE infirmier permet à l’étudiant en IFSI de réfléchir sur une situation d’appel afin d’évaluer la qualité des soins prodigués tout en analysant les pratiques professionnelles du corps paramédical face au phénomène étudié. Il s’agit donc de repérer une situation vécue en stage ou dans le cadre des enseignements afin de mettre en lumière une problématique qui sera confrontée à la recherche théorique (les concepts) et empirique (l’enquête de terrain).

Les sujets peuvent être variés et concernent les situation de deuil, de surcharge de travail et d’épuisement professionnel, du positionnement face à l’urgence ou dans le cadre des visites à domicile, l’alliance thérapeutique ou encore la question de l’interculturalité dans la prise en charge du patient.

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N’attendez plus le dernier moment pour avancer dans vos dossiers et subir le stress de la page blanche ou de la procrastination.

En effet, tout comme vous j’ai été confronté à des études éprouvantes (formation d’assistant social, puis CAFERUIS et master en sociologie des organisations option management et ressources humaines).

J’ai dû travailler en parallèle de ma scolarité mais aussi suivre mes formations alors que j’avais des enfants en bas âge.

Ce sont les freins et le manque que j’ai vécus qui m’ont incité à proposer mes services d’accompagnement.

Ainsi, je vous propose d’en savoir davantage sur mon parcours, mes prestations, la Foire Aux Questions (FAQ) et mes tarifs en cliquant sur les liens suivants (également disponible dans le menu) :

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PLAN ET CONSTRUCTION TYPE DU MÉMOIRE POUR LES ÉTUDIANTS INFIRMIERS

ICI JE VOUS PROPOSE UN EXEMPLE DE PARTIE PRATIQUE QUI COMPREND LE RÉSULTAT DE L’ENQUÊTE DE TERRAIN RÉALISÉ AUPRÈS D’INFIRMIERS DANS UN MÉMOIRE.

Grace au cadre conceptuel et aux différents entretiens exploratoires que j’ai menés, je vais confronter les écrits aux vécus des soignants sur le terrain afin de comparer les points de divergences et de convergences pour analyser les écarts.
Les questions 1 à 3 ne sont pas comparables, elles permettent de connaitre le nombre d’année d’exercice des IDE sur le terrain, leurs âges. Elles me seront utiles en fin d’analyse pour faire le lien entre l’expérience  et la prise en charge du patient infecté par le VIH.
La question 4 : Qu’est ce qui a motivé votre choix pour ce service ?
Quatre IDE se sont accordés à dire que c’est la diversité des soins qui les ont amenés à exercer dans leur service. En effet, ils ont exprimé le souhait de ne pas évoluer dans une forme de routine professionnelle qui pouvait à terme entrainer un désinvestissement au niveau du travail comme l’ont notamment révélé deux professionnels interrogés : « déjà au cours de ma formation à l’IFSI je savais que je ne pourrai pas exercer dans un service qui ne m’apporte pas un minimum de polyvalence [IDE 1] » ; « je suis en poste dans ce service depuis six ans mais avant j’ai travaillé dans d’autres secteurs au cours desquels je me rendais compte que je m’ennuyais dans mon quotidien. J’avais besoin d’être stimulée et c’est vraiment ce que je retrouve dans ce service [IDE 5] ».

Ces deux IDE mettent en avant la nécessité de pouvoir exercer dans un cadre qui mobilise le maximum de compétences et de savoir-faire pour enrayer le risque d’ennui professionnel. Ainsi, il apparait que la question de la motivation initiale au choix du service résulte d’une motivation d’abord personnelle à travers la prise de conscience d’être sans cesse dans une remise en question de leurs pratiques professionnelles.

En parallèle, deux autres IDE rencontrées ont davantage abordé la notion de valeurs ainsi que d’intérêt supérieur du patient pris en charge. En effet, ces deux professionnelles ont mis en lumière que « moi ce qui m’intéressait surtout c’était le fait que le patient était au cœur des préoccupations du service. Évidemment je ne dis pas que cela n’est pas le cas ailleurs mais moi qui ai exercé dans plusieurs domaines auparavant je me suis rendu compte qu’un intérêt fort était porté au patient. Surtout, en tant qu’IDE j’avais la possibilité et le temps de me consacrer aux soins mais aussi à l’échange et à la relation humaine avec lui [IDE 3] » ; « si je travaille encore aujourd’hui au sein de ce service c’est parce qu’il s’agit d’une fondation à but non lucratif. En réalité j’aime beaucoup mon métier mais je souhaitais absolument consacrer mes efforts à ce type de cadre de travail. J’ai déjà exercé en entreprise ou en clinique et les questions de rentabilité et de turn-over à outrance des patients me pesaient. Ici je me sens à ma place [IDE 4]».

A travers les citations recueillies dans le cadre de mes échanges avec ces deux IDE, je constate que le choix de départ est davantage orienté vers des valeurs personnelles. En effet, ces dernières consistent pour l’une à prioriser la relation humaine auprès du patient et pour l’autre à évoluer dans un cadre non lucratif peu importe auprès de quelle type de populations prises en charge.

L’analyse croisée de ces entretiens démontrent que les motivations de départ sont multidimensionnelles et peuvent concerner aussi bien une volonté personnelle de ne pas s’engluer dans un service qui ne mobilise pas toutes les compétences mais aussi d’affirmer ses engagements personnels. A ce titre, les travaux de Schwartz  portant « sur la théorie des valeurs de base d’un sujet ont mis en évidence dix valeurs de référence, à la fois différentes en termes de motivations mais complémentaires dans leurs dynamiques. Ces dix valeurs se déclinent ainsi : stimulation, hédonisme, réussite, pouvoir, sécurité, tradition, conformité, bienveillance, universalisme et autonomie. Par exemple, les valeurs de bienveillance mettent l’accent sur le souci du bien-être des autres »
Il est vrai que cette théorie concorde avec les dires des professionnels interrogés qui ont exprimé le besoin d’être stimulés, d’agir avec bienveillance en conformité avec les valeurs personnelles.

Thème 1 du TFE infirmier : la représentation du VIH

La question 5 : Pour vous, que représente VIH/sida ?
Au regard des entretiens que j’ai menés, j’ai pu recenser plusieurs avis au regard des considérations relatives au VIH/SIDA. En effet, pour l’un « je vois le VIH et le SIDA comme les autres pathologies, je ne fais pas de différence [IDE 1] » ; « pour moi il s’agit semblable à toute autre pathologie chroniques au même titre que le diabète par exemple [IDE 2] ». Cependant, à l’inverse, les trois autres IDE interrogées ont tenu une observation plus alarmiste concernant le VIH/SIDA « c’est une maladie grave on ne va pas se le cacher. Même si on intervient auprès de patients qui sont atteints d’autres pathologies graves telles que le cancer ou autres, avec le SIDA il y a une dimension différente. Pour le patient ça remet en question son cadre de référence parce qu’il se dit qu’il a pu prendre des risques. Ca influence donc la manière de le prendre en charge [IDE 4] » ; «parmi toutes les maladies auxquelles je peux être exposée il s’agit pour moi d’un cas grave. Parce qu’au-delà de la pathologie en elle-même elle comporte des aspects liés aux préjugés etc. On peut entendre des choses sur ces patients c’est à nous de pas se fier à ces « on dit » [IDE 5] ». Enfin, une dernière IDE a pu mettre en évidence une observation plus mesurée et optimiste « pendant ma formation je n’étais pas amenée à travailler auprès de ces patients mais depuis que j’exerce dans ce service ma vision a évolué. Au départ j’imaginais le VIH/SIDA comme quelque chose de très grave alors que maintenant je relativise surtout quand on voit les impacts positifs de la trithérapie [IDE 3] ».
Tous les professionnels que j’ai interviewés ont été en capacité de donner un avis éclairé sur la manière dont ils se représentent le VIH/SIDA. Deux IDE ont en effet une posture très distanciée de cette pathologie en l’intégrant dans le socle général des pathologies chroniques sans distinction. A l’inverse, les trois autres IDE interrogées déclarent une forme de gravité de la maladie qui selon l’une d’entre-elles est à nuancer au regard des traitements de trithérapie. Pour une autre, il s’avère que le VIH/SIDA peut encore être entouré de préjugés qu’il convient d’après elle de ne pas prendre en compte.

La mise en lumière de ces éléments me donnent l’opportunité de les confronter au cadre conceptuel que j’ai élaboré plus haut dans cet écrit notamment au regard du concept de représentations sociales. Grâce à mes recherches, j’ai bien intégré cette notion qui selon moi se caractérise par une grille de lecture de la maladie qui est influencée par la façon dont l’IDE s’est construit tout au long de sa vie. Ainsi, bien que certains professionnels aient pu aborder une vision presque fataliste je me suis demandé si finalement les représentations de ces derniers pouvaient engendrer un traitement différencié du patient. En effet, le cadre théorique posé plus haut m’a permis de comprendre que les patients atteints du VIH/SIDA pouvaient être mis à mal dans leur identité du fait du regard posé par la société sur cette pathologie. Celle-ci apparait alors trop souvent associée à des pratiques à risque où la pathologie « s’attrape » contrairement au cancer par exemple qui renvoie à davantage de compassion. Selon le maitre de conférences en sociologie et anthropologies, Michel Castra « l’identité est constituée par l’ensemble des caractéristiques et des attributs qui font qu’un individu ou un groupe se perçoivent comme une entité spécifique et qu’ils sont perçus comme telle par les autres. Ce concept doit être appréhendé à l’articulation de plusieurs instances sociales, qu’elles soient individuelles ou collectives» .
Le concept d’identité me parait intéressant à intégrer dans cette analyse parce qu’il me permet de faire des liens avec les notions d’estime de soi, de représentation de soi ou encore de contrôle de soi. En effet, ma question de départ interroge les pratiques des IDE face à ces patients. Dès lors, lorsque dans ma situation d’appel j’ai observé le port des «doubles gants » je peux à présent me questionner sur les répercussions que ce type d’agissements peut avoir sur l’image de soi du patient en lien avec son identité. C’est d’ailleurs cette interrogation qui a orienté la prochaine question.

La question 7 : Est-il nécessaire de savoir qu’un patient que vous avez à charge est infecté par le VIH ? Si oui pourquoi ? Si non pourquoi ?
Mise à part une professionnelle, tous les IDE interrogés ont mis en évidence qu’il était fondamental de connaitre l’infection du patient dans le cadre de la prise en charge en donnant plusieurs raisons à savoir « oui c’est nécessaire d’avoir cette information sinon comment anticiper et mesurer les risques ? [IDE 1] » ; « il me parait inconcevable de ne pas avoir cette information, on est en lien constant avec le patient, le médecin … ne pas savoir serait occulter une caractéristique fondamentale avec le risque de ne pas suffisamment optimiser les soins à prodiguer [IDE 2] » ; « dans un souci de coordination avec l’équipe et notamment lors de la passation avec le collègue qui prend le relais oui bien-sûr il est important de connaitre l’infection du patient [IDE 3] » ; « moi je veux le savoir parce que cela va me permettre de prendre davantage de précautions contre la contamination [IDE 4] ».

Ainsi, ces quatre IDE mettent en évidence de façon claire et affirmée qu’ils ont besoin de savoir l’existence du VIH/SIDA essentiellement pour mieux adapter les soins tout en prenant des précautions. A ce propos, ce dernier point a été verbalisé par une IDE mais qui a tenu un discours plutôt ambivalent « je ne tiens pas particulièrement à le savoir puisque je suis très vigilante dans les précautions que je prends auprès des patients mais il est vrai maintenant que l’on en parle que lorsque je sais qu’il a le VIH/SIDA je double systématiquement les gants pour me rassurer [IDE 5] ».

Cette dernière IDE tient ainsi des propos qui selon moi nécessitent d’être éclairés. En effet, je parlais d’ambivalence précédemment, non pas dans le cadre d’un jugement de valeur mais à l’inverse pour mettre en lumière la manière dont les représentations peuvent influencer la pratique souvent de façon inconsciente. Ainsi, j’ai souhaité poursuivre la réflexion en reliant cet acte à la relation d’aide dans le cadre du rapport soignant/soigné. Celle-ci est définie par deux professeures en sciences infirmières Anne Perry et Patricia Potter   «La relation d’aide ne se produit pas spontanément. Elle est un acte planifié, délibéré et professionnel. L’infirmière établit, dirige et prend la responsabilité de l’interaction et les besoins du patient ont une priorité sur ceux de l’infirmière. La mise en œuvre de cette interactivité suppose de l’empathie, des compétences et elle repose sur la confiance qu’inspire l’infirmière. L’acceptation inconditionnelle du patient est également une caractéristique de cette relation parce qu’elle démontre une volonté d’entendre et de comprendre le message. Cependant, l’acceptation inconditionnelle ne signifie pas l’approbation, et il est essentiel d’assurer la confidentialité».
Cette définition du tandem Perry-Potter, très populaire Outre-Atlantique et traduite en Français me permet de faire le lien entre l’attitude ambivalente exposée par l’IDE plus haut et ce que ces deux auteures traitent. En effet, elles disent que « L’infirmière établit, dirige et prend la responsabilité de l’interaction et les besoins du patient ont une priorité sur ceux de l’infirmière ». Cette citation transposée à cette recherche m’amène à interroger la question de la responsabilité de l’interaction surtout lorsque la relation avec le patient est caractérisée par une double vigilance chez les IDE qui portent par exemple le double gant. En effet, est-ce cette précaution accrue peut entraver la communication adaptée entre l’IDE et le patient ?

La question 8 : Comment ont évolué vos connaissances ?
Parmi tous les IDE interrogés, j’ai pu relever des réponses divergentes au regard des supports de communication qui ont pu être reçus sur le VIH/SIDA. En effet, trois professionnels ont précisé avoir obtenu des enseignements pendant leur formation initiale « j’ai été sensibilisé au VIH/SIDA pendant mes études [IDE 1] » ; « j’ai vraiment été confrontée au VIH/SIDA pendant mes stages mais très brièvement [IDE 2] » ; « c’est surtout grâce aux échanges avec certains collègues de promo ou d’autres professionnels lors de mes stages que j’ai pu approfondir mes connaissances sur le VIH/SIDA [IDE 3] ».  Une autre IDE a expliqué qu’elle a pu approfondir ses connaissances dans le cadre de sa pratique « j’ai surtout appris les éléments relatifs au VIH/SIDA sur le terrain [IDE 4] » ou dans le cadre d’une recherche personnelle « je n’ai pas suivi de cours sur cette pathologie à strictement parlé, c’est plutôt mes lectures ainsi que les médias qui m’ont apporté un cadre de compréhension que j’ai développé grâce à mon travail actuel [IDE 5] ».

Au regard des apports de ces entretiens, j’ai constaté que les IDE n’ont pas toujours pu bénéficier au cours de leur formation d’enseignements relatifs au VIH/SIDA. Dès lors, la majorité d’entre-eux a verbalisé la nécessité d’approfondir leurs connaissances à travers une veille sociale. Selon la sociologue Céline Brun-Picard « par opposition à la recherche documentaire, la veille n’a pas pour objectif de répondre à un besoin ponctuel. Pour le veilleur, elle est le fruit d’un travail continu de surveillance et d’écoute de l’environnement dans lequel il évolue. La connaissance régulièrement actualisée des informations qu’il possède sur son environnement doit lui permettre d’agir en pleine connaissance des niches, des aléas et des risques existants ou à venir en rapport avec son activité ou celle de l’organisation à laquelle il appartient » . Ainsi, grâce à ce que nous apporte cette sociologue, je peux associer sa thèse au développement des connaissances verbalisé par les IDE interrogés. En effet, au-delà d’actualiser ses savoirs, cette capacité à détenir des informations récentes influence également la pratique professionnelle et donc la relation entre le soignant et le soigné. Surtout, en lien avec ma question de départ, je me rends compte que, probablement, une connaissance plus approfondie et récente du VIH/SIDA pourrait impacter les représentations sociales des IDE et par conséquent le mode opératoire lors de la prise en charge du patient.

La question 9 : Avez-vous bénéficié d’une formation approfondie sur ce sujet durant votre carrière ?
Tous les IDE s’accordent à dire qu’ils n’ont pas eu de formation sur le VIH durant leur carrière : « c’est assez regrettable que je doive prendre sur mon temps personnel pour réaliser cette recherche d’informations en lien avec la pathologie [IDE 5] ; « non je n’ai pas eu de formation continue mais j’aurais aimé parce qu’il est certain que beaucoup d’aspects liés à la maladie ont évolué et je ne peux pas les prendre en compte dans ma pratique [IDE 3] ».
Les aspects mis en lumière par tous les IDE interrogés font sens dans ma pratique et dans la manière dont je conçois l’exercice de ma future profession. En effet, le fait d’interroger la place de la formation continue chez les professionnels de santé m’amène à faire le lien avec l’éthique. Ainsi, selon la doctorante spécialiste des questions de la santé et de l’éducation Margot Phaneuf  « un autre incitatif de taille pour adhérer au processus de la formation continue provient de nos obligations éthiques envers le malade, lui qui a droit à des soins sécuritaires, humains et de qualité. Notre agir professionnel doit donc être sous-tendu par le souci de lui offrir les meilleurs soins possibles quel que soit son état. Nous avons là aussi l’obligation de garder nos connaissances à jour afin de pouvoir assumer les responsabilités inhérentes à notre profession». Selon l’auteure il s’avère incontournable, pour des raisons éthiques et déontologiques envers le patient, de pouvoir lui accorder une prise en charge la plus adaptée possible. Cette condition apparait selon elle comme étant très intimement liée à la nécessité d’actualiser ses connaissances. Cela a d’ailleurs été regretté par les IDE interrogés en stipulant qu’ils ne pouvaient pas toujours prendre sur leur temps personnel pour réaliser cette démarche.

Thème 2 du mémoire : Émotion chez les infirmiers

La question 10 : Quelle émotion ressentez-vous à l’annonce de la séropositivité d’un patient ?
La totalité des professionnels interrogés ont fait part d’une gestion des émotions qui varient selon leur propre cadre de référence lorsqu’ils sont confrontés à l’annonce de la séropositivité d’un patient. En effet, trois IDE témoignent d’un sentiment d’empathie voire de compassion tel que « quand j’ai déjà vu un patient et que le médecin lui annonce la séropositivité je suis évidemment compatissant et cela se ressent dans mon attitude face à lui. Je suis très mesuré et bienveillant [IDE 1] ». Aussi, une autre IDE exprime que « quand j’entends l’annonce de la séropositivité je suis prise par une forme de colère en me disant que toutes les mesures de prévention n’ont malheureusement pas permis à ce patient d’échapper à la pathologie [IDE 2] ». En parallèle, deux IDE déclarent ressentir de la tristesse et en même temps de la peur face à ce diagnostic « sur le moment je suis prise par le tristesse puis par la crainte, pour moi qui suis chargé de ses soins et aussi pour lui et pour son entourage [IDE 4] ». Enfin, une seule professionnelle m’a révélé que ses émotions étaient influencées par le contexte « ce que je ressens va dépendre de la manière dont le patient a pu être infecté [IDE 5] ».

Au regard de ces éléments recueillis lors de mon investigation, je peux mesurer que les réactions sont différentes selon la manière dont l’IDE perçoit la maladie voire le mode de transmission de celle-ci au regard des propos de l’IDE 5.

Ces aspects me permettent de croiser la recherche théorique notamment concernant les apports de Monique Formarier , enseignante à l’Institut National de la Formation des Cadres de santé de Lyon qui précise que « le fait que l’engagement émotionnel des infirmières envers leurs patients transcende les limites des sentiments personnels, contribue à la qualité et à l’excellence des soins infirmiers. Pour faire face aux situations cliniques difficiles sur le plan moral (p. ex. patients refusant des soins), il est jugé essentiel de pouvoir éprouver des émotions et établir des rapports à la fois éthiques et significatifs avec les personnes en détresse ». Ainsi, selon cette dernière le fait d’éprouver des émotions s’avère être ordinaire voire contributif de rapports harmonieux avec le patient. Cependant, lorsque la peur, la compassion voire le jugement interviennent dans les rapports qu’introduisent les IDE avec le patient, il est légitime de s’interroger sur le caractère neutre et bienveillant inhérent au mode de prise en charge.

Ce questionnement m’a poussé à creuser le concept de l’acceptation positive inconditionnelle mise en lumière par le psychologue Carl Rogers  qui nous apprend que « Il est donc essentiel que le client se sente respecté sans jamais avoir l’impression d’être jugé ou évalué selon une théorie quelconque. La confiance, source de liberté d’expression et de relation dynamique, est en effet l’élément moteur de la thérapie ». Par conséquent dans la mesure où les IDE ressentent des émotions comment parvenir à ce que celles-ci n’influencent par le rapport au patient dans le cadre d’une prise en charge ?

La question 11 : Est-il possible de maitriser ses émotions lors de la prise en charge de ce dernier ?
Les IDE 1, 2 disent que oui c’est possible de maitriser leurs émotions lors de la prise en charge du patient infecté par le VIH, les IDE ajoutent qu’ils sont professionnels avant tout. L’IDE 3,4 et 5 disent que c’est compliqué voire impossible  de maitriser ses émotions.

Les réponses à cette question ont été particulièrement intéressantes à analyser et relier à mon sujet parce qu’elles étaient très fortement divisées. En effet, deux IDE ont répondu oui à cette question « oui en ce qui me concerne c’est tout à fait possible de gérer les émotions, je ne me pose même pas la question en fait, j’assure les soins et la prise en charge globale comme avec n’importe quel patient [IDE 1] ». En face, trois IDE ont à l’inverse estimé qu’il était très difficile voire impossible de les maitriser « on est face à de l’humain, il est illusoire de penser que nous pouvons tout gérer [IDE 3] » ; « non je l’admets il m’arrive de ne pas parvenir à gérer mes émotions c’est pourquoi je n’hésite pas à échanger avec le médecin ou mon équipe d’IDE. Heureusement que mes collègues sont là, ce travail d’équipe c’est un vrai garde-fou [IDE 5] ».

Les dires des IDE rencontrés me permettent de croiser les résultats de l’enquête à l’exploration théorique en faisant le lien deux auteurs très reconnus dans leur domaine d’activité. Tout d’abord, le sociologue Erving Goffman  qui état du concept de « présentation de soi ». Celui-ci décrit « les efforts déployés par les individus (en l’occurrence ici les IDE) lors des interactions sociales pour dissimuler leurs vraies émotions derrière une façade, comme des acteurs, afin de préserver leur visage en conformité avec les normes sociales telles perçues par eux ».

En effet, les normes sociales décrites par cet auteur correspondent dans le cadre de mon travail aux représentations de la société face aux infirmiers, et de façon générale aux personnels soignants, qui devraient interagir de manière totalement détachée de leurs émotions. Or, mon enquête de terrain a pu le démontrer, trois IDE sur cinq ne parviennent pas à envisager une action sans l’influence de leurs sentiments. Cela rejoint l’analyse de la sociologue américaine Sharon Bolton traduite en Français  qui met en évidence une « façade souriante » est un exemple de « travail superficiel » en ce sens que l’infirmière donne l’impression d’être présente et tente d’aligner ses émotions sur celles du patient. Inversement, le « travail en profondeur » signifie que l’infirmière établit un lien avec le patient, et devient un instrument thérapeutique ».

Thème 3 du mémoire : La prise en charge du patient par les IDE

La question 11 : Avez-vous déjà été victime d’un AES ?
Les IDE 1, 3,4 et 5 ont déjà été victime d’un AES qui a pu être source de souffrance pour une en particulier qui m’a expliqué que « oui j’ai déjà été victime d’un AES il s’agissait d’un patient qui posait des risques infectieux. J’ai paniqué, pas devant lui mais avec mon cadre, on a suivi la procédure et finalement tout va bien aujourd’hui mais c’est pour cela que je suis sans doute à présent trop attachée aux précautions au point d’enfiler deux paires de gants [IDE 5] ». L’IDE 2 dit qu’il n’a pas encore été victime d’un AES.
Au regard de ce que m’a appris l’IDE 5 j’ai pu constater que son exposition à un AES a été source d’angoisse au point, à présent, d’influencer ses pratiques et de modifier les protocoles auprès des patients. Elle le confirme elle-même cette expérience l’amène à porter des doubles gants dans un souci de précaution.

La question 12 : Connaissez-vous la procédure en cas d’AES ?
Tous les IDE s’accordent  pour dire qu’ils connaissent la procédure à suivre en cas d’AES « oui bien-sûr autant on ne dispose pas d’informations suivantes au regard de la pathologie autant on sait quoi faire en cas d’AES. Cela relève du vital et mon cadre est intransigeant sur le respect de la procédure [IDE 3] ». A ce propos, la Fédération Nationale des Infirmiers (FNI)  préconise ainsi plusieurs axes d’action afin de réaliser des progrès importants en termes de prévention des AES.

La question 13 : Est-ce que toutes les situations à risque d’AES nécessitent elles le port de gant ? Si oui, Si non lesquelles ?
Les IDE 1 et 2 disent que toutes les situations à risque d’AES ne nécessitent pas le port de gant « il m’arrive régulièrement de faire de ne pas mettre de gants ce n’est pas systématique selon et à force le patient pourrait davantage s’interroger sur notre démarche [IDE 1] ». A l’inverse les IDE 3, 4 et 5 déclarent que toutes les situations à risque d’AES nécessitent le port de gant « pourquoi prendre le moindre risque ? Ça prend 5 secondes d’enfiler une paire de gants et ça rassure tout le monde. Il arrive aussi que les patients eux-mêmes nous demandent pourquoi on ne porte pas de gants [IDE 5] ».
Les éléments relevés dans mon enquête démontrent qu’il existe aussi bien des IDE soucieux du port du gant dans toutes les situations à risque tandis que deux autres, à l’inverse, ne l’envisagent pas de façon systématique.

La question 14 : Etes-vous plus inquiet lors de soin à risque d’AES en vers un patient infecté par le VIH ?

Les IDE 1 et 2 ne sont pas plus inquiets lors de soins à risque d’AES envers un patient infecté par le VIH, contrairement aux IDE 3, 4 et 5 qui le sont « oui bien-sûr, il suffit d’une microcoupure ou peu importe. Même si dans le fond je sais que les chances enfin les risques d’infection sont quasiment nuls mais ça me rassure personnellement [IDE 4] ». Les IDE 3 et 5 ajoutent  le port du double gant « par mesure de précaution et qu’il vaut mieux trop prudent que pas assez [IDE 5] ».

Je peux me rendre compte grâce à ces derniers résultats que la précaution est de mise chez trois IDE sur cinq qui me disaient ne pas vouloir prendre de risques inutiles tout en sachant que la probabilité de transmission de l’infectieux était presque nulle. Ces aspects m’ont interrogé car finalement il s’avère que les représentations et les craintes de ces trois IDE ont pris le pas sur le protocole mis en place par la HAS au regard des risques pour le professionnel.


PROBLÉMATIQUE DU TFE ou MEMOIRE INFIRMIER

L’analyse globale des résultats issus de l’enquête de terrain croisée à la recherche théorique m’a permis d’identifier plusieurs composantes essentielles à la compréhension de ce travail.

Tout d’abord, il apparait que l’émergence du VIH/SIDA a engendré dans la société une forte crainte, appréhension voire rejets des patients qui étaient infectés. En effet, cette pathologie était, et l’est encore, source de tabou, de confusion et de stigmatisation du fait d’une forte méconnaissance des risques. Aussi, des amalgames peuvent entourer ces patients jugés par certains comme étant les propres responsables de leur état. Progressivement les idées reçues ont évolué et par la même occasion les nouveaux traitements, essentiellement la trithérapie, ont favorisé une évolution vitale satisfaisante malgré la présence du syndrome.

Puis, je pense pouvoir dire aujourd’hui que les IDE peuvent être chargés de représentations lorsqu’ils sont amenés à prendre en charge un patient atteint du VIH/SIDA. En effet, les données que j’ai recueillies auprès de ces professionnels m’ont permis d’identifier des formes de peur à l’idée d’être en contact direct avec les patients atteints ce qui entraine chez certains IDE à recourir à des mesures de protection de façon presque exacerbée. Ainsi, ils mettaient en évidence la nécessité de se protéger coute que coute tout en sachant que les probabilités d’être infecté étaient quasiment nulles. Il apparait dans ce contexte que les IDE les moins craintifs de cette pathologie étaient en réalité les plus informés.
A ce propos, la totalité des professionnels se sont accordés à dire qu’ils manquaient d’un cadre d’information rigoureux leur permettant de véritablement identifier les risques et par conséquent lever les obstacles à la relation d’aide avec le patient.  En effet, j’ai relevé qu’il existait des influences potentielles des représentations sociales négatives chez l’IDE pouvant engendrer des attitudes négatives voire néfastes à la relation de confiance inhérente au rapport entre le soignant et le soigné. Ainsi, même si la majorité des professionnels que j’ai rencontrés n’agissent pas sous cette forme il s’avère malgré tout que des attitudes parfois discriminantes ont été identifiées. Au-delà des aspects liés à l’identité de l’IDE ce type de comportement peut davantage renforcer le sentiment de stigmatisation et de perte de dignité chez des patients déjà sinistrés par les préjugés au niveau de la société.
Face à ces éléments, j’ai prolongé ma recherche en mesurant l’intérêt de pouvoir surmonter les représentations pouvant influencer les pratiques professionnelles de l’IDE.

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